La transformation des services de police est le but ultime de la doctrine policière éthiopienne. Établie sous l'égide du ministère de la paix, la doctrine est établie sur les principes de démocratisation, démilitarisation, décentralisation et dépolitisation. À travers quatre piliers, elle vise à des institutions policières axées sur le service, où les policiers se consacrent à maintenir la confiance du public et à protéger les droits consacrés dans la Constitution.
Pour une mise en œuvre réussie des programmes de police communautaire à travers le pays, la doctrine policière souligne que le lancement de groupes consultatifs indépendants (GIC) à différents niveaux est essentiel. En conséquence, tous les États de la région, à l’exception du Tigré et du Sud-Ouest, ont établi ces dispositifs allant de Ketena au niveau régional. Cependant, le lancement d'un GIC national a mis du temps à se concrétiser en raison des diverses difficultés rencontrées pour rassembler toutes les parties prenantes.
Afin de faciliter celui-ci dans le cadre du projet de renforcement de la confiance entre la police et les communautés en Éthiopie, soutenu par le Royaume des Pays-Bas, Interpeace a organisé un atelier conjoint avec la bourse Justice pour toutes les prisons en Éthiopie. Celui-ci a réuni le président de la Chambre des représentants du peuple de la République fédérale démocratique d’Éthiopie, les commissaires de police fédéraux et régionaux, les membres des GIC aux niveaux régionaux et les dirigeants religieux et communautaires. L'atelier a offert une plateforme de partage d'apprentissages et de preuves empiriques, mettant en lumière les performances, les opportunités et les défis auxquels les groupes sont confrontés à différents niveaux.
Dans le passé, l’architecture de sécurité régionale et fédérale de l’Éthiopie a été entachée d’ingérences politiques. Malgré la Constitution du pays qui protège la police de toute forme d’intrusion politique, les services de police étaient organisés de manière à permettre l’ingérence de l’élite politique. Cependant, suite à des changements politiques majeurs dans le pays à travers le programme de doctrine policière, le gouvernement s'est engagé à réformer le secteur de la sécurité, y compris la police. Plus précisément, la doctrine soulignait explicitement le rôle indispensable des GIC pour libérer la police de toute ingérence politique. Par ailleurs, la structure de ceux-ci a également pour mandat de promouvoir l'engagement actif des citoyens dans la mise en œuvre des programmes de police communautaire à différents niveaux.
Partageant ses connaissances d'un GIC actuellement en cours dans l'État régional de Somalie, Ahmed Sultan, chef religieux et membre de ce groupe, a noté que le manque de financement et de soutien suffisants pour un dispositif national entrave la promotion de la coopération interrégionale au-delà des frontières régionales. Il croit fermement que la lancement d'un GIC national aidera les entités régionales à devenir plus efficaces.
« La structure du GIC joue un rôle essentiel en encourageant la participation active des citoyens pour garantir la paix et la stabilité régionales. Comme vous le savez tous, la région Somali est vulnérable à diverses menaces de sécurité internes et externes et il est donc impossible pour la police de gérer toutes ces menaces. En conséquence, la structure du GIC collabore étroitement avec la police et d'autres structures telles que le programme de surveillance de quartier (NWP) pour promouvoir la paix dans la région », a-t-il souligné.
Les GIC sont reconnus pour jouer le rôle précieux d'« amis critiques » du service de police en tant que forum où des conseillers indépendants se réunissent pour rechercher des solutions aux problèmes communs au sein de la communauté. Dans un contexte d’ingérence politique de l’élite politique, et donc de méfiance du public, les réformes de la police par le biais de ces dispositifs pourraient mieux apporter la confiance indispensable entre les communautés et la police. Le lancement d’un GIC au niveau national aura probablement un résultat positif en facilitant la communication entre les services de police à travers le pays.
L'atelier s'est terminé par l’établissement et la nomination de représentants auprès de ce dispositif au niveau national, une démarche qu'Interpeace continuera de soutenir dans le but de démocratiser les services de police en Éthiopie.
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